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Accueil du site - Revue Pyramides - Numéros parus - Pyramides n°14 - Les systèmes en réforme : les universités - Vers une convergence des modèles ? Une réflexion à la lumière des expériences européennes de réforme des systèmes d’enseignement supérieur. Jean-Luc de Meulemeester

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Résumé :

Dans cet article, nous tentons d’évaluer les lignes de force de l’évolution des systèmes d’enseignement supérieur européens, à partir d’une analyse comparative des évolutions de deux systèmes nationaux topiques, le modèle anglais (à l’origine décentralisé) et le modèle français (à l’origine très centralisé), depuis le début des années 80. Nous mettons en avant les stratégies mises en place par l’Etat central dans chaque cas, pour faire avancer les réformes. Le modèle anglais est caractérisé par une reprise en main forte par le centre du pilotage global du système. Même si les financements publics sont attribués de façon sélective et concurrentielle, cette forme de quasi marché renforce plutôt que déforce le pouvoir de l’Etat sur le système. En France, la centralisation du système a rendu plus difficile l’implémentation de réformes analogues à celles menées en Angleterre ; des formes de décentralisation constituent dès lors des conditions nécessaires à la mise en concurrence des universités, selon les conditions choisies par le centre. On assiste ainsi aussi à une forme de convergence des modèles. Nous montrons pour finir cependant que le modèle anglais de pilotage par le haut, via la mise en compétition des acteurs académiques, a ses limites et que tendanciellement, c’est à une vraie libéralisation et même privatisation que l’on risque d’assister. On pourrait ainsi interpréter les réformes anglaises comme des préparatifs (conscients ou non) d’une mise dans le marché (global) d’un système universitaire où la concurrence et l’évaluation par l’Etat ont conduit à une grande concentration – de la recherche – et à l’émergence de global players potentiels. Le fait que l’UE semble pour l’instant suivre la voie
ouverte par l’Angleterre dans les années 80 nous laisse penser qu’au-delà d’un certain point, les mêmes limites seront atteintes, et qu’une mise dans le marché des institutions académiques s’avérera inévitable pour assurer le maintien de la compétitivité du monde académique européen, qui aura in fine convergé vers un modèle américain, après un détour préparatoire de concurrence organisée par la puissance publique, pour faire naître des pôles à stature globale.