Accueil du site - Revue Pyramides - Numéros parus - Pyramides n°25 - La démocratie sous contrainte - L’Etat est-il encore régalien ou devient-il un "réseau social" ?

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Résumé

L’Etat est aujourd’hui soumis à de multiples contraintes : diversité des intervenants qui pèsent dans la mise en œuvre de ses politiques publiques, contraintes budgétaires face à des besoins croissants, crise du sens, le respect qu’on lui porte diminuant et outils de management pour répondre à ces défis de plus en plus contestés. Les leviers dont l’Etat pourrait désormais disposer est le thème essentiel de ce travail, sous le nom de management. Le service public a tendance à être considéré comme une réalité nationale alors que l’économie serait mondialisée. Pourtant les institutions internationales telles que l’OCDE exercent le parangonnage (benchmarking) des services publics depuis les années 1980, dans l’espoir d’aboutir aux meilleures méthodes de management et aux meilleurs indicateurs de résultat. Le débat entre « universalisme » et « contingences » de l’Etat n’est pas nouveau, mais il est toujours présent et se trouve réactivé à la lumière de la crise internationale. En outre, il présente de réelles spécificités lorsqu’il concerne la sphère publique… La période 1980-2000 a été marquée par une idée dominante selon laquelle les mêmes problèmes de management se posaient dans tous les pays et qu’il pouvait y avoir des techniques et des principes d’action communs à tous, ce qui est appelé ici le management naïf.

Aujourd’hui cependant, cette problématique elle-même se trouve également en crise, sous de bons et de moins bons aspects. National ou international, l’ensemble des conceptions et pratiques de management est interpellé. Ainsi, le management, dit Gary Hamel , en serait à sa fin. Le management est tenu par certains politologues et économistes comme non éthique : il se réduirait selon eux à une course à la productivité où seuls les meilleurs gagnent (Amartya Sen , A. Giddens ).Ce que l’on a appelé le « nouveau management public » (NPM) ne cesse d’avoir mauvaise presse. Dans maintes émissions de télévision, le management est désormais assimilé à l’exploitation des travailleurs, à une pression morale qui peut les conduire au suicide, à la rentabilité sans considération des êtres humains Ces multiples évolutions et interpellations conduisent à rendre obsolètes la plupart des repères antérieurs en matière de management public. Un argument important s’y ajoute : le management a longtemps été considéré comme l’optimisation de l’efficience des organisations, mais le poids de l’internationalisation (Europe ou Monde) des politiques publiques rend cette vision quelque peu caduque : l’Etat peut-il manager lorsqu’il est pris dans un entrelacs d’acteurs et que son poids de légitimité symbolique décroît ?